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CANTAL-LIENS

 

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association de liaison pour la généalogie et l'histoire populaire du Cantal

...La généalogie autrement

 

 

Jean-Baptiste Roussilhe est né le mercredi 27 février 1732 a la mallevieille un hameau de sept maisons dépendant de la commune de Valuejols, canton sud de Saint-Flour [1]. Il est le neuvième enfant, sur les douze de Bertrand âgé de 45  ans, et de Louise Andrieu sa femme.Bertrand était laboureur, et la ferme était assez prospère, aussi dés qu’il eu l’âge, après une petite enfance semblable a celle de  ses frères et sœurs, il partit à Saint Flour au collège des jésuites. Doté d’une excellente mémoire qui lui rendra service tout au long de sa vie, il y fait de brillantes études classiques.
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Ses études terminées il ne se résout pas a devenir ecclésiastique comme l’aurait souhaité ses parents, et en 1754, il quitte son Auvergne et monte à Paris ou il trouve rapidement à se placer chez un notaire. L’histoire et le chanoine J.F. Pautard nous apprennent que ce notaire, appréciant particulièrement ses qualités, aurait voulu le marier à sa fille, mais là encore ce n’était pas le destin de Jean-Baptiste.
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Opportunément, la guerre de sept ans (ou guerre de Hanovre) éclate, et notre auvergnat s’engage comme secrétaire-aide de camps d’un officier superieur, Monsieur De Lastic, lui aussi auvergnat, qu’il suit pendant toute la campagne. La paix rétablie en 1763, il rentre en France. On sait simplement qu’il aurait été associé à des opérations financières sans plus de précisions. Cette période de sa vie reste actuellement un mystère.
Nous le retrouvons a Marseille vers 1775. Il y restera jusqu’en 1791. Un passeport délivré a cette époque nous apprend qu’il est ingenieur, et qu’il habite au 18 rue Croix des petits champs.
Il travaille alors au port de Marseille, et à partir de 1782, il va être chargé du curage du port qui pose de gros problèmes d’envasement. Curieusement il a pris le nom de Roussilhe de Morainville et c’est sous ce nom qu’il continuera de vivre le reste de sa vie.
Le 14 Décembre 1785 il propose un mémoire pour faire construire une jetée a l’anse de l’ourse, de façon à diminuer l’envasement du port. Depuis 1783 il a conçu une drague plus efficace qui permet un dégagement plus rapide et à laquelle on a donné le nom de « marie salope ».
En juillet 1787, la profondeur atteint 18  a 20 pieds [2]. Le 1er octobre 1783 il y a un accord avec la chambre de commerce de Marseille. En juillet 1786 il avait approfondi a 18 pieds le secteur oriental, il attaque ensuite la rive neuve. La surface à creuser atteint 4000  toises carrées. En avril, mai et juin 1788, il enlève 2857 toises cubes. En 1791 le haut fond du marquisat était presque entièrement réduit. Le plan d’eau couvrait 70400 toises-carrées (24ha 16).
Il faut ensuite creuser des soubassements de roches dures au niveau des haut-fonds du marquisat, devant la partie du quai ou se trouvent le plus grand nombre d’entrepôts et de magazins. Il invente alors le pétard sous-marin : il dégage le lacydon et parvient a approfondir la rive, ce qui permet l’accessibilité au port de plus gros navires.
Parallèlement à son travail à Marseille il s’occupe de problèmes financiers, en particulier avec la Russie et il négocie un traité de commerce (avec l’aval du gouvernement) qui vise a évincer les Anglais qui ont l’exclusivité du commerce dans les ports russes. Le traité était pratiquement signé lorsque éclate la guerre d’Amérique. Celle ci accapare alors Louis XVI et le projet n’aura pas de suite.
En 1789 il publie « L’union des trois ordres et la poule au pot ou le moyen de remplir le déficit et d’assurer l’extinction totale des dettes de l’état sans faire de nouveaux impôts ».  
En 1790, il propose un projet de loterie nationale pour procurer a l’état tous les fonds que le comité des finances juge nécessaire a sa libération.
Un peu plus tard, il publie encore « La manière de rembourser la dette exigible et de vendre les biens nationaux promptement et avantageusement avec une simple émission de deux cents millions de nouveaux assignats »
Le 11 août 1790, il fait un discours à la tribune de l’assemblée nationale pour promouvoir de nouveaux bassins de construction et de remise, propres à décupler la durée de vie de nos vaisseaux de guerre. Il en a réalisé une maquette en bois [3], qu’il a fait transporter au petit séminaire Saint Sulpice à Paris. L’assemblée adopte son projet et lui propose de se rendre (à ses frais) à Toulon pour constater la possibilité de l’exécution et effectuer un devis.
La Terreur met un terme au projet qu’il représentera dans une deuxième tentative sous le Consulat auprès de Bonaparte.     
Avant la Terreur (1793-1794) il était adjoint au comité des finances avec son ami Charles Delacroix (le père du peintre) et sa position lui a permis de soustraire quelques victimes de la liste qui les condamnait a la guillotine. Malheureusement, proscrit par Robespierre comme aristocrate et ami de Louis XVI, lui-même se retrouvant un jour sur cette liste, il risque l’arrestation et l’échafaud. Il quitte alors Marseille où il résidait, voyageant la nuit et se cachant le jour. Il vient se réfugier en Auvergne, à la Mallevieille. Sa famille avait une grange perdue au milieu des fraux de Lescure : il vivra les 14 mois de la Terreur au lieu dit le Chambon. Il est en sécurité relative, bien que recherché, car ses deux neveux, l’un Jean, commissaire au pouvoir exécutif du tribunal de Saint Flour, l’autre François, maire de Valuejols, ont sans doute été d’un précieux secours dans cette tragique période.   
Apres la Terreur, il retrouve son ami Charles Delacroix et il rentre au Ministère des affaires extérieures. 
En 1796, a lieu un premier essai de négociation avec l’Angleterre, le 12 nivôse (2 janvier). Il s’y rend en mission secrète. [4]
En 1797 il est chargé par le Directoire de fabriquer plusieurs millions de faux billets de banques anglais et de les faire passer en Hollande et en Angleterre.C’etait une réponse a la fabrication de faux assignats par les Anglais, mais ceux-ci ayant eu vent de l’affaire, le résultat n’a pas été concluant.
Mais une nouvelle carrière va bientôt s’ouvrir à lui. En 1797, le Directoire met à sa disposition, à Dunkerque, des navires armés pour la course.
Il s’agit : des frégates la Desirée, l’Incorruptible et la Poursuivante ; Des corvettes  la Cerés, le Festin, le Foudroyant, la Torche, la Dorade, la Naïade (qui a 12 canons) ; Du lougre, le Poisson volant, pour faire la course sur la Tamise(21 Thermidor An V).
Il arme à ses frais la corvette La République et le brick « Président Parker » (nom du chef de l’insurrection dans la marine britanique), ainsi que la frégate l’Africaine et la corvette la Sagesse pour faire la course aux Indes.
Le 4 Ventose AN VI à Dunkerque, annulation de l’ordre du ministre des finances aux douaniers de saisir « la jeune Gertrude » chargée de sucre britannique sous drapeau prussien.
25 ventose AN VI la corvette « la république » est arrêtée à Bordeaux en mission secrète.
Le 13 nivôse elle exporte des pierres a fusils. (procès verbaux du directoire AN VI-VIII ).
La même année 1797 il écrit un appel au directoire exécutif des vexations exercées par le gouvernement batave contre les croiseurs francais et les prises qu’ils conduisent dans les ports de la hollande. Son appel qui concerne le corsaire « le satanique »aura une suite en1813 en appel, et fera jurisprudence dans le traité des prises maritimes en1859. A cette époque il semble bien connaître BARRASqu’il met en garde contre BOISSY D’ANGLAS et VAUBLANC*
*mémoire de Barras
EN 1798 le colonel BONAPARTE le fait venir à Toulon, ville qu’il connaît très bien pour avoir un avis sur la meilleure façon de prendre la ville. *
Le 27 brumaire AN VII  il se charge de l’approvisinement de Paris en grain avec un mois d’avance en échange de l’exclusivité des exportations.
Apres le siège de Toulon jean baptiste est âgé de 66 ans, il se retire a Paris rue des gravilliers n° 25.Il n’a pas un tempérament a rester inactif,il va devenir industriel, pour pallier au blocus pendant l’empire et au manque de café, il installera une fabrique de poudre de chicorée au gros cailloux a Paris.Par malheur cette fabrique sera détruite par un incendie,ce qui l’affectera considerablement.
Ne se decouragent pas,  il créera une filature de lin rue du château landon ou maintenant il habite.Jean baptiste Roussilhe Morainville n’a jamais oublié le cantal, il est membre de la société d’agriculture du cantal ou il a tenté d’introduire des moutons mérinos d’Espagne qu’il faisait hiverner dans le lot.
Il fit maintenir la cour criminelle a Saint Flour et aidera beaucoup au maintient du pèlerinage de Notre Dame de lescure.
Affaibli par l’age et par l’incendie de sa fabrique du gros cailloux, il meurt le 8 mai 1822 a 90 ans dans sa maison du château landon a Paris.  Il sera enterré au père Lachaise et le discours qui sera prononcé sur sa tombe est  fait par J.Girard directeur de l’école royale d’économie rurale et vétérinaire d’Alfort.                                                                            

 

 

 

BIBLIOGRAPHIE :
BNF
Archives de la révolution francaise
Mémoire de
Barras membre du directoire.
Paul Barras (vicomte de ) 1896
Abbé Pautard ,histoire de la paroisse de Lescure.
typographie Firmin Bourbounelle 1893.
Historique du port autonome de Marseille
Histoire du commerce francais dans le levant au  XVIII em siecle .Paul Masson1911Discours de J.Girard  imprimerie Madame Huzard  1822
Biographie des personnes remarquables de cette demi province (la haute auvergne) M l’Abbé Chaummeil 1856

 

 

(offert par Pierre Lechien le 5/4/10)


[1] la Mallevieille était appelée autrefois Venteuge ou Ventuejols. C’est un hameau de la paroisse de Valuejols. Au temps jadis il occupait à 300 mètres vers le midi un emplacement plus favorable : les colstices. On y a retrouvé des débris d’ustensiles ménagers. Au reste la tradition le confirme, décimé par la typhoïde, il ne resta qu’une vieille femme des habitants de Venteuge. Fuyant ce lieu elle alla se blottir dans une pauvre cabane abandonnée. Là, elle pleurait, maudissant la solitude et sa trop longue vie, ce qui la faisait appeler mauvaise vieille ou mallevieille. De là le nom du village actuel. (J.F. Pautard).

[2] Une toise = 1,949 mètres
Un pied=32,484 cm. 

[3] *La construction et la réparation devaient se faire dans un bassin de remise dont M. Morainville  fit dresser un relief en bois d’après la proportion de 1 pouce par toise. Ce plan représente tous les objets : le bassin contenant une quantité d’eau suffisante pour porter divers batiments que l’on pouvait faire manœuvrer pour les mettre en radoub. La dépense fut de 400.000 F. Elle fut considérée comme suspecte pendant la terreur ce qui occasionna sa destruction.
1 pouce = 2,707 cm
1toise  = 1,949 m
1 pied = 32,484 cm

[4] Paiement du ministère des relations extérieures en exécution d’un arrêté secret du Directoire du 16 Nivose an IV autorisant l’envoi d’un agent secret en Angleterre (1er Thermidor an V). 2 reçus de 12000frs signés Morainville.
Compte des dépenses secrètes. Signé : LE TOURNEUR.