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CANTAL-LIENS
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Vous n’en n’avez aucune idée ? Pourtant aucun de vos grands parents montés à Paris pour y gagner momentanément leur vie, ne l’ignorait. Mieux encore Louis Bonnet fut indirectement leur soutien moral et social
Avant d’annoncer qu’il fut, avant la guerre de 14-18, le précurseur des « charters » il mérite que l’on s’attarde sur son cheminement..
Il est né rue du Consulat à Aurillac, le 25 mai 1856. Son père était imprimeur et sa mère fille d’un autre imprimeur d’Aurillac. Au-delà de sa destinée politique il ne lui restait plus qu’à créer un journal …
Après d’heureuses études à Toulouse il « monta » à Paris pour devenir journaliste. De convictions « Radical », anticlérical et d’un franc-parler bien cantalien, il ne tarda pas à rejoindre les « polémistes » de son époque.
Cet esprit parfois excessif ne lui fut pas toujours favorable. Ses prises de position le conduisirent en 1893 à la Maison de détention Sainte Pélagie, qui avait reçu en son temps Barbès, Raspail, Rouget de Lisle et bien d’autres. Mais c’est en 1880 qu’il songea à créer un journal qui permettrait de donner des nouvelles du pays aux auvergnats parisiens.
Le premier numéro sorti le 14 juillet 1882 sous le titre « L’Auvergnat de Paris ». De fréquence hebdomadaire il devint vite le lien entre les auvergnats de la capitale et les terres natales, et ne cessa de l’être encore, de nos jours. D’un esprit social débordant il fonda, quatre ans après, « La Ligue auvergnate » aux buts d’entraide, couvrant encore aujourd’hui les diverses Amicales du Massif central
Sa renommée l’amena également à faire bénéficier nos « exilés » de tarifs préférentiels auprès de milieux médicaux et d’entreprises de vêtements de travail.Mais c’est sous l’appellation « Trains Bonnet » qu’il se fixe dans la mémoire de nos anciens et dans la petite Histoire de notre région.
En 1903 le Chemin de fer était sous Compagnies privées et celles de « Paris-Orléans » (gare d’Austerlitz) ou « Paris, Lyon, Méditerranée » (gare de Lyon) assuraient le lien vers nos départements. Avec un certain opportunisme, Louis Bonnet entra en négociation avec ces deux Compagnies afin d’obtenir des tarifs préférentiels pour des trains complets, de 3ème classe, sur un parcours déterminé. Grâce à son action nos compatriotes pouvaient alors bénéficier d’un tarif particulier de 40% moins cher que le prix normal d’un billet.
Les premiers trains partirent de Paris-Austerlitz le 22 juin 1904, pour un itinéraire Orléans, Vierzon, Montluçon, Mauriac, Aurillac, Vic sur Cère, Murat, Neussargues
On se battait souvent, Bld Beaumarchais, au siège du journal, pour obtenir son billet de train et certains qui n’en n’avaient pas besoin, ne se privaient pas de les revendre avec profitLorsque Louis Bonnet décéda en 1913 ces trains, premiers « charters », avaient acquis une notoriété nationale. A l’exception toutefois du … département du Cantal. Nul n’est prophète en son pays ! Mais surtout parce que ce département était profondément catholique et s’accommodait mal des idées trop sociales et anticléricales de leur compatriote. Seuls les « exilés » parisiens trouvaient un réel intérêt pour les divers avantages offerts par le journal.
Quant aux « trains Bonnet » leur succès fut un temps décuplé par les « retours au pays » ainsi que les « congés payés ». Le journal cessa en 1940 après le décès de Madame Bonnet Le journal reprit vie tant bien que mal avec les descendants de Louis Bonnet mais en perdant son idéologie sociale au profit d’un esprit plus commercial.
Les « trains Bonnet » connurent également un sursaut avec l’organisation de « trains de vacances » pour enfants défavorisés, mais la SNCF reprit l’idée à son compte, puis l’automobile prenant le pas sur le train, cette belle histoire cantalienne s’arrête là…On pourra lire dans la page http://cantal.liens.free.fr/V3-train.php de notre site le récit authentique d’un voyage de retour par un train Bonnet.
( Avec les souvenirs paternels recueillis, l’aide du Cercle généalogique des cheminots, les archives de l’Auvergnat de Paris consultées à son siège Bld Beaumarchais, et inspiré par un Mémoire de Pierre et Janine Gandon)
Ajout selon le livre « Les Auvergnats de Paris » de Marc Tardieu :
« de toutes les communautés provinciales de Paris, la plus importante est sans doute celle du Massif central. En 1926, selon les recensements, 10 % de la population parisienne était issue de cette province. Au 19ème siècle, exerçant des métiers de misère, ils étaient considérés comme des parias, Au 20ème siècle ils prendront cependant une belle revanche par leur réussite, dont les plus légendaires furent « chez Lipp » et « au Café de Flore » à St germain des près.