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CANTAL-LIENS

 

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association de liaison pour la généalogie et l'histoire populaire du Cantal

...La généalogie autrement

 

 

Le cimetière de Picpus à Paris

Juin, juillet 1794,
c’est la Grande Terreur.
Robespierre qui vient de triompher de tous ses rivaux impose la Loi du 10 juin 1794 qui supprime toutes les garanties habituelles de la Justice. Selon les mots de Fouquier-Tinville « les têtes tombent comme des ardoises ».
Le 14 juin, devant la répulsion des parisiens, la guillotine est déplacée et dressée « Place du trône renversé » et chaque jour, avec une dextérité effroyable, Sanson et ses aides exécutent en quelques minutes des fournées de 40 à 50 condamnés.
Les corps mutilés sont conduits par le chemin de ronde qui longe le mur d’enceinte, jusqu’au fond d’un enclos prélevé sur le jardin des chanoinesses de Picpus. Deux fosses y sont creusées et les corps, dépouillés de leurs vêtements, y sont jetés.
Dans le crépuscule l’horreur de ces inhumations s’ajoute à une odeur épouvantable. De Sèze, l’avocat de Louis XVI écrira : «  de ma prison je respire les odeurs horribles du charnier de Picpus »  .
Jusqu’au 27 juillet 1794 les suppliciés y sont enterrés. Parmi eux, de grands noms : Noailles, Montmorency, La Fayette, mais aussi des gens du peuple, vieillards de 80 ans, jeunes gens de 16 et 17 ans, et l’un de nos grands poètes André Chénier.
L’Eglise y paie un lourd tribu : 108 gens d’Eglise, 23 religieuses dont les 16 Carmélites de Compiègne.
A la suite de la Constituante qui supprimait les ordres religieux, celles-ci refusent de se séparer et affirment leur volonté de vivre et mourir dans leur communauté. Elles se réfugient dans trois maisons de Compîègne. Lidoine, la mère supérieure propose à la communauté de s’offrir en holocauste « pour apaiser la colère de Dieu jusqu’à ce que la paix soit rendue à l’Eglise et à l’Etat ».
Cette attitude ne pouvait qu’exciter le sectarisme des membres du Comité révolutionnaire de Compiègne. Elles sont dénoncées puis arrêtées fin juin 1794. Fouquier-Tinville construit son acte d’accusation pendant le transfert des Carmélites à Paris.
Le 13 juillet, elles comparaissent devant le Tribunal révolutionnaire. Des papiers sont retrouvés chez elles les accusant de « machiner contre la Révolution » Un portrait de Capet, son testament et des cœurs symbole de ralliement à la Vendée « …prouvent quelles avaient des correspondances avec les ennemis extérieurs de la France » Elles sont accusées «  …de n’être qu’une réunion de rebelles et de séditieuses qui nourrissent dans leurs cœurs le désir de voir le peuple français remis aux fers de ses tyrans et dans l’esclavage des prêtres sanguinaires »
Le 17 juillet les Carmélites sont jugées. Les débats sont brefs. Pas de témoins. Tous dont 2 prêtres sont réunis dans le même jugement. Le Tribunal ordonne leur exécution dans les 24 heures sur la place publique «  …devant la Barrière de Vincennes »
En vain, Lidoine leur mère supérieure se déclare seule coupable,
Toutes sont condamnées.
Trois heures après le jugement sera exécuté..
Sitôt montées dans la charrette les Carmélites vêtues de leur costume religieux, entonne le Salve Régina. Pont au change,place de Grève, rue St Antoine, grande rue du Faubourg St Antoine, tout au long da parcours ballotées dans les chaos de la charrette, leur chants ne faiblit pas.
Dos tourné à la guillotine elles entonnent le Veni Créator.
Un silence exceptionnel  envahi la foule frappée par le rayonnement qui émane de ces femmes.
Tous témoigneront : c’est la plus jeune qui mourra la première, elle s’agenouille devant sa supérieure qui la bénit, puis elle marche au martyre en chantant le Laudate Dominium repris par toutes. Leur chant s’affaiblira à mesure qu’elles se succéderont sur l’échafaud puis s’éteindra à l’exécution de la Supérieure Marie de St Augustin.
 
Marcel Andrieu
(aidé de faits historiques relatés par Pierre Rousseau dans un bulletin municipal du 12ème arrondissement de Paris)

Ce drame ne manqua pas d’inspirer beaucoup de nos auteurs dont Georges Bernanos dans « le dialogue des Carmélites » mais il faut aller en pèlerinage à Picpus . dans ce lieu des religieuses maintiennent encore la mémoire de ces martyres, dans le tumulte de proximité de la circulation automobile …

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Après la Révolution 3 sœurs de la famille des Noailles voulurent retrouver le lieu où leurs mère, grand mère et sœur avaient été enterrées après leur exécution.
Ce lieu avait été acheté et clos par la Princesse de Hohenzollern, soeur du Prince de Salm, qui figurait parmi les victimes.
Madame de Montaigu, avec ses sœurs dont Madame de La Fayette, compris que ces malheureux avaient été enterrés à la hâte sans service religieux et que personne ne viendrait plus jamais se recueillir sur leur tombe. Elles firent alors le projet d'un lieu consacré au recueillement, achetèrent les terrains des fosses communes et y firent ériger une chapelle Un ordre religieux, les Sœurs des Sacrés Cœurs de Marie et de Jésus, fut sollicité afin qu'une prière perpétuelle s'élève en faveur des suppliciés.
Comme l'ont voulu les fondateurs on y prie ici pour les victimes mais aussi pour leurs bourreaux
Picpus y consacre également un lieu de méditation et de pardon pour les idéologismes matérialistes.
Les lieux, tombes, fosses communes et chapelle se visitent aujourd'hui et parmi lesquels la tombe de La Fayette sur laquelle vient se recueillir à une date anniversaire une représentation du peuple des Etats Unis.
 
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Pension Belhomme

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Vers 1765, le menuisier Jacques Belhomme accepte d’élever contre rétribution le fils d’un noble du voisinage, qui est idiot de naissance. S’apercevant que ce commerce est plus lucratif que la menuiserie, il ouvre une pension pour les déments, les vieillards et tous ceux que des familles fortunées souhaitent lui confier. Un célèbre précurseur de la psychiatrie, Philippe Pinel, dont la statue trône aujourd’hui devant la Salpêtrière, y fera ses premières armes dans le traitement des malades mentaux.
À la Révolution, Jacques Belhomme croit sa fortune assurée. De son éloignement du centre nerveux de Paris et de ses complaisances avec les maîtres du jour, Jacques Belhomme tire d’appréciables avantages. En septembre 1793, les députés encouragent les sans-culottes à jeter en prison tout individu suspect : les nobles - avec femmes et enfants -, mais aussi les étrangers, les prêtres, les avocats, les acteurs de la Comédie-Française, les riches en général, bref tous ceux qui n’ont pas fait clairement acte d’allégeance à la Révolution. Les prisons de Paris sont bientôt bondées. L’État réquisitionne les cliniques privées pourvues de barreaux.
La pension Belhomme est la première. Belhomme s’entend avec les douze policiers chargés de Paris pour se faire envoyer de riches prisonniers qui paieront une forte pension pour vivre cette épreuve aussi confortablement que possible. Dès lors se bousculent chez lui, au milieu des fous, marquises, banquiers, journalistes, comédiennes célèbres, vieux nobles, officiers, et une foule d’anonymes en disgrâce qui soudoient médecins et policiers pour s’y faire transférer sous prétexte de maladie.
Le scandale finit par éclater en janvier 1794. Belhomme est arrêté pour avoir perçu des pots-de-vin et incarcéré… dans une autre pension de Paris, à Picpus, là où Sade croupissait lui-même. Il fut condamné deux fois et n’échappa aux fers, comme ses pensionnaires, que par la chute du régime de Terreur, en thermidor.
Si la plupart de ses pensionnaires échappèrent à la guillotine, certains, trop célèbres pour passer inaperçus, y furent envoyés : Béatrice de Choiseul-Stainville, duchesse de Gramont, sœur du célèbre ministre de Louis XV, la duchesse du Châtelet, belle-fille de l’illustre maîtresse de Voltaire[1], le fermier général Magon de La Balue, guillotiné avec ses enfants, petits-enfants, arrière-petits-enfants, frères et cousins, pour que ses bourreaux soient sûrs de récupérer son immense fortune, ou encore l’avocat Simon-Nicolas-Henri Linguet, qui avait pourtant dénoncé l’arbitraire de la monarchie et avait passé un an à la Bastille.
Pour s’agrandir durant cette année faste, Jacques Belhomme loua le bâtiment voisin, l’hôtel de Chabanais, auquel le reliait un charmant jardin (le jeune marquis de Chabanais, descendant de Colbert, ayant émigré avec sa mère, ses biens avaient été confisqués par l’État). Belhomme finira par acheter cette maison pour investir l’argent gagné sous la Terreur. C’est dans ce cadre que se situe l’idylle fort romanesque de Marie-Adélaïde de Bourbon-Penthièvre (veuve du duc d’Orléans « Philippe Égalité », mère du futur roi Louis-Philippe) et du député de la Convention Jacques-Marie Rouzet, qu’elle épousa en secret à leur sortie de prison.
L’hôtel de Chabanais (163 rue de Charonne) fut rasé en 1956 et le parc de la maison Belhomme (157-161 rue de Charonne) lotie en 1973, suite à des constructions immobilières. Les trois élégants pavillons accolés de cette ancienne « maison de santé » servent maintenant dans un petit jardin à un club du troisième age.

Maison Coignard

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À Paris, il y avait, au n° 35 de la rue de Picpus, le couvent des chanoinesses régulières de
Saint-Augustin : cette communauté, fondée en 1647 et appelée à cette époque Notre-Dame-de-la-Victoire-de-Lépante, présentait la particularité de célébrer le 7 octobre l’anniversaire de cette victoire de 1572 sur les Turcs.
À la Révolution, en 1792, on chassa les quarante religieuses de leurs deux hectares de jardins. Sous la Terreur, à la fin de 1793, un certain Eugène Coignard y ouvrit une maison de santé pour recevoir de riches "suspects," détenus dans les différentes prisons de Paris, que l'on faisait passer pour malades. Non loin de là, rue de Charonne[1], un ancien miroitier du nom de Belhomme l'avait précédé en créant dès 1769 une maison du même genre. Moyennant une pension exorbitante, la plupart de ces privilégiés échappaient à la guillotine.
Naturellement, des intermédiaires rançonnaient ces détenus de luxe au prix fort et négociaient avec les autorités leur transfert dans ces maisons. Il n'y avait pas juste la corruption ; l'influence de membres du Comité de sûreté générale ou du Comité de salut public, soucieux de protéger leurs amis prisonniers, s'exerçait également.
Les détenus les plus célèbres furent le marquis de Sade et Choderlos de Laclos, l'auteur des Liaisons dangereuses qui y résidèrent ensemble du 27 mars au 15 octobre 1794. Le rival et voisin de Coignard, Belhomme, condamné à six ans de fers pour avoir un peu trop abusé de la situation, s'y retrouva pensionnaire .
En juin 1794, des terrassiers ouvrirent une grande brèche dans le mur d’enceinte et creusèrent une fosse de 8 mètres sur 5 au fond du jardin : cette fosse était destinée à recevoir les corps des guillotinés. Les protestations de Coignard ne servirent à rien. Un tombereau commença à apporter les corps que l’on exécutait chaque jour sur la place du Trône toute proche (aujourd’hui place de la Nation) - en fait à la barrière du Trône. [2]
Les aides du bourreau dénudaient les cadavres, tandis qu’à côté on y brûlait du thym et du genièvre pour atténuer l’odeur de putréfaction des corps déjà entreposés. Puis, les dépouilles étaient tirées à terre jusqu’aux fosses, où on les tassait le plus possible par manque de place. Les têtes étaient jetées comme des boules pour remplir les vides.
Au début, les fosses restèrent ouvertes en permanence sans qu’aucun lit de chaux n’y soit étalé. L’odeur était effroyable. Plus tard, on établit au-dessus un plancher en charpente percé d’une trappe. Du 13 juin au 28 juillet, on y jeta de trente à cinquante personnes chaque jour. Le nombre officiel fut de 1306 inhumations.
Les policiers Jean-Baptiste Marino, François Soulès, Nicolas André Marie Froidure et François Dangé y furent enterrés le 17 juin 1794 sous le nez de plusieurs hommes qu’ils avaient arrêtés : MM de Dampierre, Le Picard, Sabatier et Desprez, le couple Titon. Le bourreau Sanson avait battu ce jour-là son record : 54 personnes en 24 minutes, ce qui lui valut une gratification des députés.
Après le 9-Thermidor, les prisonniers firent leur possible pour être transférés au plus vite, la maison ne fit plus recette : les épouvantables fosses ne furent comblées qu’en juin 1795, un an après. Depuis longtemps la maison Coignard avait fermé ses portes.
En 1805, les familles des personnes inhumées à cet endroit s’associèrent pour racheter le couvent et y installèrent une congrégation de religieuses. On créa aussi un cimetière privé, le cimetière de Picpus, où ces familles se firent enterrer pour reposer près de leurs parents assassinés. Au milieu de ces tombes surchargées d’écussons se trouve celle de G. Lenotre, historien de la Révolution française. .