Document sans titre

CANTAL-LIENS

 

- reproduction textes et photos soumis à l'accord de Cantal-Liens-

 

association de liaison pour la généalogie et l'histoire populaire du Cantal

...La généalogie autrement

 

 

1790,Révolution contre révolution les paysans cantaliens s'insurge

 

La noblesse cantalienne entra dans les complots contre-révolutionnaires pour rétablir la monarchie ...
1791 - en mai les membres du clergé doivent prononcer le serment de reconnaissance de l’Eglise conventionnelle. Dans le Cantal près de la moitié y sont réfractaires  et jusqu’aux trois quarts dans le canton de Montsalvy.
La noblesse cantalienne, très atteinte par la suppression du cens, prit une part active à divers complots contre-révolutionnaires entre 1789 et 1790.
Au tout début de cette année 200 nobles partirent pour Lyon rejoindre un complot qui s’organisait dans cette ville pour marcher sur Paris au secours du Roi, avec la noblesse du Sud Est.
A Fribourg la « Coalition d’Auvergne » fut créée et plus de 70 cantaliens y adhérèrent pour tenter de rétablir la monarchie.
… et la paysannerie cantalienne prit en mains son mouvement révolutionnaire
De telles actions eurent pour effet de rendre plus agressive l’attitude populaire et d’offrir à sa rancœur une cible toute indiquée.et dès le 18 janvier des potences furent dressées à Arpajon sur Cère par le monde paysan à l’égard des seigneurs.
Au 1er avril il fût créé toujours à Arpajon la « Société des hommes de la Nature » d’esprit patriotique et agricole. Parmi les fondateurs de nombreux maires de communes voisines.
Les décrets d’août 1789 avaient beaucoup fait espérer au monde paysan mais une législation trop conservatrice n’eut guère de chance de les satisfaire et l’échec de la politique révolutionnaire fut de plus en plus mal ressenti dans le Cantal.
Le 14 juillet des députations de 20 communes d’Arpajon se réunirent à  Griffeuilles (près de Senilhes) pour fédérer une solidarité paysanne veillant aux intérêts des campagnes et exprimer le mécontentement local..
Des milices rurales devinrent l’avant-garde du mouvement révolutionnaire.
1792 – le 11 mars un grand nombre de ces gardes rurales se regroupent à Aurillac aux fins de recrutement pour l’armée. Un coup de fusil fut tiré sur eux de la fenêtre d’un notable et fit un mort.
Le lendemain la nouvelle se répandit dans les communes avoisinantes semant la peur et amenant les gardes paysannes à se réunir de nouveau à Arpajon. Elles marchèrent sur Aurillac où le notable fut tiré de prison et décapité devant les autorités locales passives et sous-estimant la gravité de la situation.
La suite des évènements allait échapper à leur contrôle…
Durant trois semaines des châteaux furent pillés et incendiés. Après avoir établi leur quartier général à Lacapelle en Vézie les gardes paysannes marchèrent sur Montsalvy et ses châteaux environnants. La jacquerie se répandit dans tout le district d’Aurillac tandis que d’autres se créèrent dans celui de Saint Flour.
C’est cependant dans le canton de Montsalvy que l’insurrection rurale fut la mieux organisée et la plus violente, dirigée à la fois contre la noblesse  et contre les prêtres réfractaires. A Ladinhac la tension entre patriotes révolutionnaires et population acquise aux prêtres réfractaires fut portée à son comble par l’arrivée d’un curé constitutionnel.
Un tel bouleversement nécessitait une organisation rapide de l’administration mais elle nécessita cependant plus d’un mois et  sans contrôle les campagnes restèrent livrées aux bandes d’insurgés, obligeant Paris à voter le 31 mars une loi autorisant le département à faire appel à la garde nationale des départements voisins.
Mais lorsque l’armée parvint à Aurillac le 21 avril presque toutes les violences s’étaient éteintes d’elles mêmes. Le calme revint seul et peu de participants à cette jacquerie furent jugés.
Ce large mouvement de protestation paysanne se répandit en 1792 dans toutes les régions de France mais nulle part ailleurs que dans le Cantal elle ne fut aussi nette.

1793 – des mesures de déchristianisation furent prises par le Comité de salut public consistant principalement en l’enlèvement des cloches, la démolition des clochers, la répression accrue contre les prêtres réfractaires, l’abattage des croix et la transformation des églises en Temple de la Raison.
Une puissante répression permit de faire appliquer ces mesures dans les villages malgré l’hostilité d’une population paysanne très attachée, parfois superstitieusement, à sa religion et aux symboles de son culte.
1795 – après la chute de Robespierre et de ses amis la Terreur fit place au modérantisme. Les paysans cantaliens retrouvèrent, plus que l’intensité de leur foi, les accessoires et la pompe des cérémonies catholiques. Les symboles du culte réapparurent et les clochers furent rebâtis.
A partir de cette date et jusqu’en 1800 il n’y a plus de Mairies ni de Conseils municipaux, seul un agent municipal faisant partie de l’administration communale.
La répression du mouvement révolutionnaire contre les prêtres si longtemps proches des populations rurales, mais aussi le vol, la démolition, le sacrilège des églises, contribuèrent à une acceptation méfiante de la Révolution et à la naissance de quelques mouvements de résistance.
Il faut dire qu’au-delà de sa représentation spirituelle le clocher faisait partie intégrante du paysage familier du monde rural. Lorsque les cloches furent fondues beaucoup pensèrent qu’elles étaient bien plus utiles à protéger les récoltes des orages et qu’il était désolant de vois disparaître ce qui leur avait coûté si cher et qui faisait la fierté du village.
Ces messieurs de la Révolution avaient beau en sourire il n’empêche que le 30 prairial de l’An II les communes de St Georges, Faverolles et Vabre ont sauvé leur récolte en sonnant leurs cloches qu’elles avaient sauvegardées tandis que celles d’Anglars de St Flour furent entièrement détruites par la grêle faute de clocher. La foule de cette commune ne s’y trompa pas en allant tirer de chez eux les officiers municipaux tenus pour responsables pour avoir fait abattre le clocher.
Beaucoup trouvaient que l’idée des révolutionnaires de vouloir transformer les églises en temples de la Raison était bien déraisonnable. A Massiac les révolutionnaires avaient emporté 3368 kilos de bronze et de fer, 300 kilos de linge d’église tandis que des conventionnels se partageaient l’argenterie. A se demander si les plus enthousiastes n’étaient pas ceux qui pouvaient en tirer un profit personnel ou se faire allouer par les communes des sommes confortables pour l’exécution de ces démolitions.
« … tout objet et signe de superstition tenant les âmes faibles dans l’erreur… » devait disparaître mais il fallait aussi savoir faire face à l’hostilité grandissante. A Ytrac Guillaume Martin s’adjugea les matériaux du clocher démoli. Mal lui en prit car les femmes arrêtèrent 3 charretées de pierres. A Marcenat le maire et sa famille furent dénoncés au juge de paix pour avoir dérobé les ornements de l’église.