Document sans titre

CANTAL-LIENS

 

- reproduction textes et photos soumis à l'accord de Cantal-Liens-

 

association de liaison pour la généalogie et l'histoire populaire du Cantal

...La généalogie autrement

 

 

Les villages en fête …

 

L’un des principaux soucis du Comité révolutionnaire fut de « gommer » toute représentation de l’Eglise. Les églises sont transformées en Temples de la Raison et si les  méfaits sur les clochers et les cloches des villages sont connus le soucis de renommer des communes aux références religieuses Saint… ou Sainte … le sont moins
Il fallut aussi penser à « déboulonner » les fêtes paroissiales et l’imagination des révolutionnaires n’avait pas peur du ridicule.
Pour combattre la profondeur populaire des fêtes catholiques  la Convention voulu sans doute trop sublimer les valeurs de la République et les valeurs de l’homme,. C’est ainsi qu’aux fêtes connues de la Raison et de l’Etre suprême s’ajouta celles de la moisson, du printemps et de bien d’autres motifs. Seule demeura pour son symbole la fête du 14 juillet promue au rang de fête nationale.
A l’occasion d’un travail de dépouillement par Simone Nuzillat des BMS de Laroquebrou et de lecture des registres des délibérations municipales de la commune de Laroquebrou on peut lire l’évocation et l’organisation de plusieurs de ces fêtes
- une Fête le 12 juillet 1789 célébrant la réunion des 3 ordres
- une Fête de la Fédération le 1er juillet 1790 censée « cimenter l’alliance entre tous les Français » invitant tout le canton à se rendre dans la commune pour renouveler le serment fédératif, le même jour et à la même heure précise auxquels  il le sera dans la capitale. On peut lire dans la lettre de convocation que « ce jour doit être regardé comme le plus beau de la vie, puisqu’il est l’époque de la liberté. »
Le 14 juillet les membres de la municipalité et les députés des communes du canton, en même temps que la capitale et toutes les villes de France, prêteront publiquement le serment d’être fidèles à la Nation, à la loy et au Roy.
- une Fête de la Constitution le 28 octobre 1791
- une Fête nationale pour la prise de Toulon, décrétée par le Conseil de la commune le 20 Nivôse an II
- une Fête de l’Etre suprême Dans une réunion du Conseil de la commune le 18 Prairial an II l’un des conseillers s’adresse aux autres membres dans ces termes : « Citoyens, la Révolution française a terrassé l’aristocratie, elle fait la guerre aux tyrans, elle ne reconnaît d’autre dépendance que celle de l’Être suprême et d’autre lien social que celui de la Fraternité. Les despotes ont attaqué la liberté par le modérantisme et la fureur, mais c’est en vain, puisque l’idée de l’Être suprême et de l’immortalité sont gravés dans le cœur des Français en caractères ineffaçables. La Convention nationale l’a si bien reconnu que malgré les pièges des ennemis de la liberté elle a décrété qu’il serait célébré une fête en l’honneur de l’Être suprême le 20 prairial et a demandé que le Conseil s’occupât des dispositions de la cérémonie ». Le Conseil décréta qu’une fête en l’honneur de l’Etre suprême serait célébrée le 20 Prairial et en arrêta le programme en plusieurs Articles, le tout organisé comme une messe et devant l’église renommée Temple de la Raison :
- salve d’artillerie
- annonce à tous les citoyens de devoir se rendre sur la place de la Liberté
- formation d’un peloton de douze jeunes gens armés entouré de six citoyennes accompagnées de leurs filles qui porteront des corbeilles de fleurs. Au centre un enfant portera un oriflamme sur lequel sera inscrit en gros caractères : A L’ÊTRE SUPRÊME.
- sept vétérans ou citoyens âgés de plus de soixante ans formeront un peloton et l’un d’eux portera un oriflamme : IMMORTALITÉ DE L’AME. Derrière ce peloton sera la gendarmerie nationale qui fermera la marche.
- à l’extrémité de la colonne et un peu en avant des vétérans, les maire et officiers municipaux porteront à la main des bouquets d’épis de blé. Un oriflamme sera porté sur lequel sera inscrit : Les hommes sont égaux devant Dieu et devant la loi, et de l’autre côté : Guerre aux tyrans, paix au peuple.
- au milieu du corps municipal, quatre citoyens porteront la table de la Déclaration des Droits de
l’Homme et de la Constitution française.
- devant marcheront sept cultivateurs, l’un portera une pique surmontée de l’image
de la Liberté, dont la tête sera ornée d’une couronne de fleurs et d’épis de blé, et les autres porteront
les instruments du labourage.
- le cortège se rendra à la montagne dans cet ordre, au son du tambour. Le Maire montera au haut de la montagne, invitera le peuple au recueillement et à l’attitude qui conviennent à des hommes libres en présence de l’Être suprême ; le citoyen Vieille-Lacroix, agent national, sera invité par la Municipalité de prononcer un discours analogue à la fête. Après le discours on entonnera un hymne civique ; cet hymne fini, le Maire montera à la tribune, les mains levées vers le ciel, promettra au nom du peuple à l’Etre suprême de ne jamais reconnaître d’autre culte que celui de la Raison et d’autres prêtres que la nature entière. Un autre hymne sera chanté par le peuple entier.
Alors une décharge d’artillerie, symbole de la vengeance nationale, embrasera le courage de tous les
citoyens, tous s’embrasseront et répéteront le serment de mourir pour le défense de la Liberté, de
l’Egalité et de la République, une et indivisible.
- une Fête anniversaire de la juste punition du roi des Français le 13 Pluviose an III
- une Fête anniversaire de la mort de Louis XVI le 11 Pluviose An IV
- une Fête de la Jeunesse le 21 Germinal an IV
- une Fête de la Victoire le 1er Prairial an IV
- une Fête de l’Agriculture
- des Fêtes des Décadis
- une Fête de la souveraineté du peuple
- une Fête des époux
- une Fête de la maternité
- des Fêtes des saisons et des récoltes

Le déroulement de toutes ces fêtes est soigneusement détaillé par le Conseil municipal  et impose entre les lignes la présence de toute la population.
Les serments et les discours qui se font en présence des fonctionnaires publics et devant le peuple ont tous un caractère allégorique poussant à la haine du roi et à la glorification du peuple.
Les directives de Paris furent bien appliquées jusque dans nos petites bourgades, toutefois, même sans culotte, ces fêtes de substitution ne dégageaient pas beaucoup d’esprit festif et n’entraînaient que peu d’enthousiasme …