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CANTAL-LIENS

 

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association de liaison pour la généalogie et l'histoire populaire du Cantal

...La généalogie autrement

 

 

Le mariage paysan au 17ème siècle

 

Pour les paysans c’est un engagement qui pourrait se passer de curé, c’est certes l’accord de deux jeunes gens qui s’engagent mais c’est aussi l’affaire de deux familles qui s’entendent sur « l’arrangement ».

Même mariée la femme garde son nom de jeune fille qu’elle tient de son père toute sa vie jusqu’à son acte de décès, elle est Marie … épouse de …
Elle reçoit une dot à son mariage dont son mari est le gestionnaire. Il n’a pas le droit de la  dilapider.
Cette dot est principalement constituée par une somme d’argent qui n’est pas toujours versée intégralement le jour de la signature du contrat chez le notaire. Des délais de paiement peuvent s’échelonner sur plusieurs années nécessitant chaque fois un passage chez le notaire pour la quittance.
Vient ensuite le trousseau dont la pièce maîtresse est la robe, parfois plusieurs. Les sous- vêtements n’existent pas sauf chez les riches. On la fait durer longtemps, très longtemps, Le notaire en note la valeur, son état neuf ou ayant déjà servi, sa nature en drap, en chanvre  ou en serge. Quelques fois une de ces robes est réservée à la belle mère « pour le bien de la paix » en cadeau car il faut l’amadouer s’il doit y avoir cohabitation. S’il n’y a pas de belle mère la robe échoit à l’aïeule ou a une sœur ou une tante de l’époux.
Le trousseau se complète de draps de lit, de nappes, de serviettes, parfois d’une pièce de tissu. Le mobilier est limité à l’essentiel : un lit, parfois « à montants de bois », pas d’armoire mais un coffre ou une caisse grossière fermant toujours à clé et destinée à recevoir le linge.
Il arrive que les époux ne soient pas majeurs, le père s’engage alors sur contrat à les entretenir «  … jusqu’à temps qu’ils soient d’âge compétent »
Souvent l’époux n’apporte rien, s’il est solide on l’épouse pour sa force au travail. D’autres apportent tout ou partie des biens des parents mais c’est un don à double tranchant car il peut être grevé de nombreuses servitudes, notamment l’obligation de verser une certaine somme aux frères et sœurs.
Ou bien les parents donateurs se réservent l’usufruit de leurs dons, vivant des revenus de ce qu’ils donnent, si bien que l’enfant doté n’est réellement propriétaire de son bien qu’à la mort des parents. Si les parents sont âgés et ne peuvent plus travailler ils prennent la précaution de se réserver une pension annuelle « … à la charge de les nourrir, les entretenir selon leur qualité et leurs faire les honneurs funèbres… ».
Lorsque le mari part travailler en saison, en Espagne ou ailleurs, sa femme prend généralement la gestion du ménage, elle est sa procuration officielle. Durant les longues périodes d’émigration de son mari elle acquiert ainsi un caractère d’indépendance et de lutte jusque même devant l’injustice des impôts. Les femmes y gagnent souvent en considération et bien des soulèvements ruraux trouvèrent leur origine dans le mécontentement des femmes.

Les hommes comme les femmes sont le plus souvent illettrées, à peine savent-ils former le dessin de leur signature. Il n’y a pas d’école et se sont les prêtres qui accordent le peu d’enseignement, souvent dans les familles les plus aisées. Pour les autres on n’apprend que quelques rudiments de lecture et d’écriture avec lesquels il faudra se débrouiller toute sa vie.
Le village est le seul cadre de vie de la paysannerie et la solidarité y est une règle toujours présente. Cette vie est de type familial, les voisins sont souvent des cousins car les mariages se font entre jeunes d’un même village. Exploitant le même terroir, subissant les mêmes épidémies ou aléas climatiques, les paysans se sentent tous concernés lorsque le malheur ou la guerre frappe l’un d’entre eux.