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CANTAL-LIENS

 

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association de liaison pour la généalogie et l'histoire populaire du Cantal

...La généalogie autrement

 

 

La vie paysanne au 17ème siècle (suite et fin)

 

Parmi les ressources alimentaires les « ruches à miel » ont une considération particulière. Le miel fait office de sucre et elles ont leur place dans toutes les fermes selon l’aisance du propriétaire. Mais au-delà de leur utilité alimentaire les abeilles, chargées de mystère, impressionnent. La ruche est vénérée par les paysans. En la visitant on ne manque pas de lui parler et de l’informer des grands évènements de la maison. A la mort de son propriétaire la ruche de paille est coiffée d’un voile noir. La aussi les contrats de mariage font souvent état dans la dote de « bournious » garnis de mouches à miel ».

La laine de mouton est aussi un élément de base. On file la laine dans toutes les fermes et les tisserands existent partout. Dans les transmissions de biens domestiques on trouve souvent le coffre renfermant les graines de chanvre dont la culture permettra d’obtenir la toile des draps et des torchons.

Pour la construction des maisons il n’y a pas d’autres matières premières que celles trouvées sur place, d’où un style régional homogène. Mis à part les toits de lauzes qui succédèrent à ceux de chaume trop exposés aux incendies ce style et les matériaux employés perdurèrent  jusqu’au milieu du siècle dernier.

L’école et la médecine sont absentes et maladies, épidémies et peste laissent impuissants à endiguer les ravages qu’elles causent.

Les diverses couches sociales vivent intensément si l’on en juge par le nombre important d’actes notariés et le notaire royal a parmi ses attributions celle de recueillir et mettre sous écrit les dernières volontés d’un défunt.

La femme hérite de son mari à condition qu’elle ne se remarie pas, mais elle hérite aussi de ses dettes et le divorce est interdit.
Dans les testaments l’Eglise n’est pas oubliée. Il faut lui demander des messes salvatrices et des dons d’argent sont prévus à cet effet.
Les filles sont souvent héritières du trousseau de leur mère
Tous ceux qui ont quelque chose à transmettre  font un testament. Le plus souvent le notaire est appelé au chevet du testateur. Si celui-ci est moribond le notaire prend bien soin, afin qu’il n’y ait aucune contestation, de préciser qu’il a «  bonne mémoire et parfait entendement » ou «  en son bon sens, entendement et parfaite mémoire ». Si la maladie est contagieuse on reçoit le notaire devant la maison et le même jour la femme fait aussi son testament au cas où...

 

(dans le registre paroissial de Montsalvy (cote 5 Mi 583/1 page 240) le curé écrit :
«  il est mort cette année 111 de la famine plutôt que d’autre mal. La famine étant commune dans les quatre provinces voisines, aussi bien qu’une espèce de peste et la guerre dans toute l’Europe. Les subsides ont été si forts cette année que le Roi et ses ministres ne se sont pas contenté de taxer la noblesse et le tiers état, ils ont  porté la main jusqu’à l’encensoir comme l’on dit.
Il n’y a pas eu de taxe qu’on ait imposée sur les laïques que les gens d’église n’aient payée sous un nom emprunté. Principalement Mrs les curés auxquels on à fait rendre toute l’argenterie qui était dans leur église pour payer les taxes, jusque même à payer un tribut pour les droits de registre des mariages, baptêmes et mortuaires.
Le soussigné à payé …
Ceci est écrit afin que ceux qui seront à l’avenir prient Dieu qu’un pareil temps ne revienne où l’on était même empêché de faire porter les morts au cimetière. Il fallut que Mrs les curés les fissent enterrer dans les jardins ou auprès d’un arbre. Lorsqu’il en mourrait dans les villages il ne se trouvait personne qui ne voulut faire l’office du mieux possible, c'est-à-dire qui voulut enterre ou aider à enterre les morts.
Le lecteur remarquant encore que c’est cette même année que les vignerons du vignoble Del Fel étant presque tous morts de misère, les vignes ont demeuré à travailler et il n’y eut presque rien. »

 

Certes les hivers sont longs et le printemps se fait attendre mais dès qu’il s’annonce tout ce qui vit et pousse semble secouer la nature. Jusqu’aux chemins creux qui s’animent de quelques gens de passage qui semblent sortir des bois. Ils viennent de plus ou moins loin proposer leur métier que l’on devine aisément à ce qu’ils portent sur le dos.
Le plus précoce est souvent le colporteur. Entre les murailles des chemins on ne voit que sa caisse sur le dos qui semble avancer seule et ça énerve les chiens.
D’autres jours passent le matelassier qui tire sa carde sur ses deux roues. Il travaille plus pour les gens de la ville que pour ceux de la campagne car pour ceux là le matelas n’est qu’une grossière enveloppe bourrée de paille ou de feuilles de hêtre, la matière première ne manque pas.
Un qui sait bien quelle est la meilleure saison c’est le chiffonnier, il sait profiter des grands ménages de printemps dans les maisons pour récupérer les vieux chiffons. Il s’annonce en criant « Pelharot ! Pelharot ! » . Mais on pense qu’il crie ainsi plus pour éloigner les chiens car il est si sale que son odeur suffit pour l’annoncer. Crasseux, barbu, ébouriffé, le chapeau sans âge et sans forme, il effraye les enfants. Il porte sur le dos un grand sac qui englouti tout : les vieilles défroques, les peaux de lapin, tout ce que la famille a mis de côté durant l’hiver. C’est lui qui fait son prix et l’homme ne donne guère envie de discuter. Le marché laisse des regrets : l’homme en a donné trois sous, c’est bien que ça en valait quatre.

Mais parmi les visiteurs celui qui revient le plus fidèlement c’est le vagabond. Il change de nom à chaque village mais se souvient toujours des maisons les plus généreuses. Pas dangereux pour deux sous, plutôt attachant, il suit l’été l’itinéraire des fêtes patronales et se débrouille pour être toujours informé des mariages. Il passe alors le lendemain et profite des restes. D’où vient-il ? D’ailleurs. Ou va-t-il ? Ailleurs. Quant à son âge à quoi bon, il n’en n’a jamais eu

Ainsi la vie s’écoule tant bien que mal au gré des joies simples et des peines résignées …