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CANTAL-LIENS

 

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...La généalogie autrement

 

 

Hommes en armes, paysans en larmes (1337-1453)

 

Hommes en armes, paysans en larmes (1337-1453) Guillaume De Boisset et son fils François venaient de pousser la porte menant au chemin de ronde de leur château à Vic sur Cère et s’engageaient à monter l’escalier étroit, le premier péniblement et le second avec un peu plus de prestance. Ils aimaient se retrouver tous les deux appuyés sur les créneaux, à contempler cette belle vallée s’ouvrant sur la Cère. Sous l’effet de la contemplation ils évoquaient souvent le passé et le fils savait attendre le moment rituel où le père lui parlerait de cette guerre si terrible par son acharnement et sa durée. Ce jour là encore Guillaume raconta à son fils ce que son propre père lui en avait dit. «  - la guerre dite « de cent ans » que se livrèrent Français et Anglais pour la succession de la couronne de France, fut émaillée de plusieurs trêves plus ou moins longues. Pendant une bonne trentaine d’années l’Auvergne, sans connaître de grandes batailles, fut le théâtre de brigandages durant ces trêves. De nombreux mercenaires anglais, n’ayant plus de solde, se jetèrent sur l’Auvergne, s’y installèrent et pillèrent pour vivre. A plusieurs reprises le gouvernement royal, les autorités régionales et les habitants de la province, organisèrent des troupes pour les chasser. Elles y réussir plus ou moins bien mais ça ne changea rien à leur sort car ce fut à leur tour les troupes françaises qui les pillèrent. Pour le paysan il n’y eut bientôt plus qu’un seul ennemi : l’homme en armes. Les troupes anglaises apparurent en Auvergne en 1357, en 3 colonnes qui mirent la province à sac, ravageant tout sur leur passage elles pillèrent de nombreux châteaux et s’emparèrent des villes de Chaudes Aigues, Vic sur Cère, et établirent à Murat leur quartier général et le centre de leurs opérations. L’Auvergne fit de vains efforts pour s’en débarrasser mais sans succès. Merigo Marchez, un des chefs mercenaires français organisés pour le brigandage, passa au service des Anglais et s’empara par ruse du château de Carlat et de bien d’autres encore. Dans une telle situation la population chercha à en limiter les effets. Il se développa une véritable institution : transformer les terres en « pâtis ». Avec ou sans pâtis l’Auvergne fut ruinée, le commerce devint inexistant et la disette sans cesse menaçante. Les paysans ne cherchaient même plus à avoir une bonne récolte puisqu’elle leur était enlevée pour sa grande partie, pourtant les mercenaires n’étaient pas très nombreux, mais plus que leur nombre c’était leurs passages répétés qui étaient craints. Ne respectant aucune des trêves consenties par les deux forces en présence, des bandes de redoutables pillards se constituèrent, appelées « grandes compagnies ». Jamais le Haute Auvergne ne parvint à les expulser, vaincus ou payés les brigands ne s’éloignaient que pour reparaître aussitôt. Ils firent subir des pertes considérables dans tous les environs de St Flour, qui furent occupés en 1380. La situation de la province semblait alors désespérée, Aurillac et St Flour étaient bloqués par les Anglais et de nombreux châteaux passèrent aux mains des « routiers ». Il fallut faire appel à Du Guesclin lui-même…