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CANTAL-LIENS
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Celui-ci vint en Auvergne à la tête d’une armée. Son plan était d’isoler Carlat, clef de la résistance ennemie, en s’emparant des forteresses qui la ceinturaient. Il entreprit d’abord la prise du château de Chaliers, près de St Flour. Ce château est l’une des places les plus fortes du pays, il fut pris et repris sans cesse et Du Guesclin engagea son siège le 15 mai 1380 Guillaume De Boisset poursuivit son discours avec son fils: « - nous sommes les vassaux des comtes de Carlat depuis 3 siècles, à ce titre nous leur devons, entre autres, le service militaire. C’est ainsi que mon père se retrouva à combattre aux côtés de Du Guesclin, grand connétable de France appelé pour libérer la région et rendre les terres à leurs possesseurs. Il m’a souvent dit combien ce connétable était un grand chef militaire. Lorsque Du Guesclin mourut tous ceux qui avaient combattu auprès de lui voulurent accompagner sa dépouille jusqu’à Montferrand. Votre grand père était de ceux là et il m’a tant de fois raconté le pénible voyage que je peux vous en parler comme si j’y avais été moi-même. Le 18 juillet suivant le siège de Chaliers, le duc de Berry écrivit aux autorités de St Flour que le connétable de France était mort à Chaliers, que son corps devait passer devant Montferrand et qu’elles veuillent bien venir au devant de la procession afin de lui rendre un dernier hommage. L’Histoire dira plus tard que Du Guesclin avait survécu au siège du château et qu’il ne mourut que quelques semaines après à Châteauneuf-Randon, en route pour Dinan où il avait demandé à être enterré. Bertrand Du Guesclin peut s’enorgueillir d’être sans doute le seul défunt à avoir 4 tombeaux, et tous authentiques ! Mort en plein été au moment des fortes chaleurs, le transport de la dépouille posa de gros problèmes de conservation. A Châteauneuf- Randon on décida de faire tremper le corps toute la journée dans le vinaigre. Puis on le chargea sur un char et, entouré de ses chevaliers, on poursuivit la route, de nuit pour profiter d’une température plus clémente. Arrivé à la ville du Puy le corps avait commencé sa décomposition et dégageait une odeur pestilentielle que l’on s’efforçait d’ignorer. Les choses se stabilisèrent quelque peu dans la fraîcheur de l’église des Jacobins où il fut entreposé pour le jour. Mais le lendemain il fallut bien se rendre à l’évidence : le corps avait besoin d’un traitement plus efficace. Du Guesclin fut alors retiré de son cercueil et déposé sur une table. On fit venir le meilleur chirurgien de la ville et la dépouille du connétable fut incisée. On retira son cœur qui fut mis dans un reliquaire de plomb à grand renfort de pompes religieuses, scellé et déposé dans la chapelle Ste Anne, dans un premier tombeau portant en épitaphe : « ci-git l’honorable et vaillant messire Bertrand Du Guesclin » . Les restes de la dépouille reprirent la route le lendemain et toujours sous un soleil de plomb parvinrent à Montferrand deux jours plus tard. Un glorieux accueil avait été organisé et le corps dut faire le tour de la ville dans une procession sans fin, encadré par toute la population montferrandaise. Puis, ainsi escorté, le corps poursuivit sa route vers Issoire. Hélas, il devint vite impossible de se tenir à proximité du défunt, tant il exhalait des relents de décomposition. A Issoire il fallut se résoudre à trouver une meilleure méthode. Les moines proposèrent de faire bouillir le corps et l’opération réalisée ils dressèrent fort consciencieusement le relevé de leurs frais dont ils réclamèrent le remboursement à la ville. Après une nouvelle cérémonie funèbre les chairs de la dépouille furent ensevelies dans le couvent des Cordeliers, deuxième sépulture du connétable, puis les os seuls réintégrèrent le cercueil pour poursuivre leur route sur Dinan C’est au cours de ce voyage qu’un courrier du roi parvint, ventre à terre, jusqu’au cortège. Il était porteur d’un pli du Roi intimant l’ordre de changer de route au profit de la cathédrale St Denis où Charles V voulait l’enterre près de lui. On exécuta une 3ème sépulture. Pour respecter les vœux du défunt il fallut se résoudre à reprendre son cœur enchâssé resté à Montferrand et qui fut déposé dans un quatrième tombeau, à Dinan. » Les luttes se poursuivaient en Auvergne, la forteresse d’Alleuze fut occupée neuf ans durant lesquels les brigands pillèrent les voyageurs et leurs chargements de soieries, draperies et argent, et rançonnèrent les habitants en farine, pain cuit, viandes, volailles et vins Désolé de ce brigandage sans fin, la province demanda le secours du Roi Charles VII qui envoya un corps de troupe imposant. Face à un tel effectif les pillards évacuèrent le pays mais il fallut attendre 1438 pour s’en débarrasser définitivement. Comme pour clore cette conversation entre nos deux témoins, le soleil se couchait derrière la crête de Curebourse et la vallée de la Cère disparaissait dans la pénombre. La fraicheur du soir fit frissonner nos deux hommes qui décidèrent de redescendre jusqu’à la cheminée monumentale sur laquelle était gravée la devise des De Boisset : « ALTITUDO FORTITUDO » (ma hauteur est ma force)