Document sans titre

CANTAL-LIENS

 

- reproduction textes et photos soumis à l'accord de Cantal-Liens-

 

association de liaison pour la généalogie et l'histoire populaire du Cantal

...La généalogie autrement

 

 

Pourquoi les portes de la mairie sont-elles ouvertes le jour du mariage

 

Pourquoi les portes de la mairie sont-elles ouvertes le jour du mariage Avez-vous remarqué, et savez vous pourquoi les portes des mairies restent ouvertes au jour d’un mariage ? Non ! vous l’avez pensé si fort que je vous ai entendu, ce n’est pas pour que le futur époux reparte en courant, dans un sursaut de lucidité ! Il faut se souvenir que depuis la Révolution toute personne ayant des raisons de pouvoir s’opposer au mariage puisse le faire. Cette saine intention remonte en fait bien plus loin que notre sursaut républicain. Au milieu du 16ème siècle les mariages forcés étaient interdits et celui des enfants mineurs étaient soumis à l’accord des parents. Belle hypocrisie que de se soucier d’une protection parentale aux enfants mineurs alors que bien souvent les parents étaient à l’origine de leur union imposée…. C’est au milieu du 17ème siècle que les curés furent tenus de publier des bans par trois fois et d’avoir quatre témoins signataires de l’acte de mariage. Reprenant à son compte l’acte religieux transformé en acte civil, la Révolution conserva la publication de bans préalables, dans chaque commune des futurs époux, et c’est avec les portes grandes ouvertes des mairies que se déroulent les cérémonies. C’est bien gentil direz vous à propos des bans affichés, mais dans les années anciennes qui savait les lire ? Le garde champêtre tout simplement, qui répandait la nouvelle. Qui sait encore aussi que s’il appartient à l’officier de l’état-civil de déclarer les époux « unis par le mariage » c’est dès le OUI attendu, et souvent à peine entendu, que le mariage est validé. En fait les bans de mariage n’étaient pas toujours inscrits dans les registres de l’église par leurs curés, mais ils devaient toujours (et le sont encore) être annoncés en chaire lors des trois messes dominicales précédant l’union.. Vous qui consultez les registres des mariages vous n’y avez aperçus ces bans que de rares fois. C’est en fait parce qu’ils sont, le plus souvent, dans des registres à part. Ceux-ci n’intéressent que moyennement les chercheurs mais ils peuvent apporter parfois des éléments de recherches intéressants. On notera cependant que les « bans » sont comme les promesses électorales, ils n’engagent que celui qui les prend comme une chose acquise. Bien entendu une promesse de mariage est en grande partie confirmée par le OUI attendu, mais publiée trois semaines avant ça laisse le temps au « promis » de changer d’avis ! Pour calmer les enthousiasmes disons que ces bans sont rarement conservés et le plus souvent seulement à partir de la Révolution et jamais au-delà de 1927 car ces registres ont été supprimés. A lire à ce propos l’excellente étude « Actes, contrats, et dispenses de mariage » publiée par Archives et Culture (12 euros, chez www.archivesetculture.fr Il manque à cette étude le cas insuffisamment connu des « dispenses matrimoniales pour consanguinité » Préoccupation morale, ou pour les conséquences d’une union consanguine, le mariage religieux pouvait avoir lieu malgré une consanguinité lointaine mais sous autorisation de l’évêché. Cette autorisation était soumise au paiement d’une redevance à l’Eglise et donc accordée en conséquence avec bienveillance … C’est un document fort précieux car on y trouve le plus souvent une déclinaison généalogique sur 3 générations des époux. A cela s’ajoutent les raisons du mariage programmé, qui, charité oblige, annonçaient le seul souci de venir en aide à l’un des époux en difficulté sociale. Charité bien ordonnée commençant par soi-même il y avait derrière cette raison morale, d’autres préoccupations. Là aussi ces documents sont rares et ce fut un grand privilège qui me fut accordé par les Archives de l’évêché de St Flour, de les numériser, mais à la seule condition de ne pas les communiquer aux AD du Cantal ! Il en fut de ce privilège comme certaines de nos initiatives et les AD15 sont parvenues à les récupérer, preuve que la séparation de l’Eglise et de l’Etat ne vaut pas pour tous les cas… (voir http://cantal.liens.free.fr/V2-numerisation.php rubrique Dispense matrimoniales pour consanguinité ) Encore un dernier point : ceux d’entre nous qui ont gardé des souvenirs lointains de nos villages, se souviennent peut-être qu’il n’était pas rare de trouver dans bien des fermes, des personnes en difficulté mentale. J’y ai échappé ! Mais c’était incontestablement les effets de mariages à la consanguinité le plus souvent ignorée.