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CANTAL-LIENS
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Nous voici à Champagnac, commune proche de Mauriac, plus précisément au village de Pradelles. Nous sommes le 22 novembre 1472.
A l’aube, les habitants sont éveillés par le sinistre son du tocsin. Bientôt ils accourent de toutes parts, armés d’arbalètes, d’espiots, de javelines, de faux, de barres, en un mot de tout ce qu’ils trouvèrent sous la main. L’effervescence est à son comble. « - que se passe-t-il, demandent les gens effrayés ? Sommes-nous en grand danger ? Les Anglais ou les écorcheurs sont-ils à nos portes ? » Non, ce n’est qu’une nouvelle scène de Jacquerie dont voici la cause : Le 12 juillet précédent, le haut et puissant comte de Ventadour, baron de Charlus et justicier de Champagnac, avait uni en mariage sa fille unique, à Louis de Lévis, seigneur de La Voûte. Cet heureux évènement avait donné lieu à des réjouissances sur toutes les terres du comte, et tous les vassaux, nobles et vilains, avaient été conviés à de joyeux ébats.
Mais en ce temps là, ceux qui dansaient payaient les violons ! Dans le droit féodal une taille extraordinaire était due au seigneur lorsqu’il mariait sa fille. Le comte ne l’avait pas oublié mais la monnaie était rare et l’équivalant de cette taille fut prélevée en nature, en bétail, au grand dame de ses paysans. Or, ce jour là et de grand matin, un beau troupeau s’achemine sous la conduite d’un archer du comte et de ses serviteurs, vers la foire d’Ussel. Le convoi arrivant au lieu dit de La Prade, se dispose à franchir la Dordogne. Reconnaissant ses bêtes l’attroupement dont on parle ci-dessus fond alors sur les gens du comte en les menaçant de les jeter à la rivière s’ils n’abandonnent pas le troupeau. La partie’ n’est pas égale, la résistance est inutile, l’archer et les serviteurs cèdent à la force et le troupeau est triomphalement ramené aux étables d’où on l’avait extrait, et les vilains applaudirent à leur audacieuse entreprise.
Malheureusement pour les vilains vilains, l’affaire n’en resta pas là. A peine la journée était-elle sur son déclin que Jean Maurin, greffier du bailli de Charlus, procéda à une enquête, un certain nombre de témoins furent entendus et désignèrent un grand nombre de coupables dont le prêtre accusé d’avoir sonné le tocsin.
On ne connaît pas le résultat des poursuites et il ne reste présente que la question de savoir si la conduite des paysans était justifiable. En lois féodales le droit du seigneur est réel, les vilains ne pouvaient l’ignorer et l’acte fut coupable. Mais on pouvait les excuser et la décision du seigneur exigeant la taille en nature pouvait se considérer arbitraire.
Sommes nous si éloignés de considérations du tiers monde actuel : combien de bêtes pour le mariage d’une fille ?
On appréciera ou pas …