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...La généalogie autrement

 

La détention des prêtres réfractaires en novembre 1794

 

Brouage est un village de Charente maritime entre Rochefort et Marennes qui fut jadis un port important aujourd’hui ensablé. Ses fortifications furent élevées sous Charles IX et Richelieu
Nous avons relevé ces notes dans une chronique du diocèse de Saint Flour du 23 février 1911 intitulée « notes pour servir à l’histoire religieuse du Cantal »

Dès novembre 1794 la détention des prêtres réfractaires commençait à poser un problème de lieu pour les recevoir et les regrouper. On opta pour un transfert à Brouage sur des prisons flottantes qui furent vite livrées aux maladies contagieuses. Pour régler le problème le plus simplement il fut décidé de leur rendre la liberté. Mais soit que les listes furent faites avec précipitation, soit que certains ecclésiastiques aient été jugés plus dangereux que d’autres 147 prêtres restèrent prisonniers, tous appartenant aux diocèses du Midi.

Lentement, péniblement, cette longue file d’hommes épuisés, couverts de haillons, se traîna poussée par les gendarmes vers la vielle citadelle abandonnée de Brouage. Rien n’avait été préparé pour les recevoir, il n’y avait ni lits, ni paille, ni remèdes, ni médecins, Dans l’ancien couvent des Récollets l’administration de la marine disposait de six lits. Les déportés furent enfermés dans l’église paroissiale ; on trouvait parmi eux un clerc tonsuré, deux sous-diacres, des vicaires, des religieux, des curés et des chanoines, tous groupés et préparés à un long martyre.
Six mois après leur arrivée l’administration départementale répondait à une demande faite par l’abbé Roux curé du diocèse de St Flour, qu’elle allait écrire à l’agence maritime de Rochefort pour lui faire connaître leurs besoin et l’inviter à leur procurer des matelas et des couvertures et à leur envoyer un officier de santé. 
Il y avait à Rochefort un chrétien généreux, négociant, lecteur et ancien de l’église protestante de cette ville. Il prit la défense des persécutés en écrivant : «  … des prêtres gémissent, ils sont tous malades et journellement il en meurt ! La maladie et la plus affreuse misère les accablent. Je suis sûr qu’à la lecture de ces lignes les membres du Comité seront émus de compassion, un sentiment d’humanité embrasera leur âme et ils signeront l’élargissement de ces malheureuses victimes. »
Les lettres du juge de Marennes et de l’officier de santé Chambellan montrent ces hommes presque nus, couchant dans des locaux immondes, sans matelas ni paille, rongés par les fièvres et ne pouvant se procurer le moindre remède.
Un autre officier de santé adressait au district ces lignes approuvées par tous les conseillers municipaux : « je certifie que le plus grand nombre de prêtres sont atteints de fièvres tenaces, de dysenterie violente qui en a emporté plusieurs au tombeau. Depuis quinze jours huit ont succombé et dans ce moment le nombre de ceux qui se portent passablement suffit à peine pour porter les défunts en terre. Plusieurs manquent de vêtements et une partie couche sur les planches, n’ayant pas seulement de paille »
Des prêtres du Cantal avaient écrit une prière qui montre combien ces captifs furent unis. Une tradition affirme leur désir de célébrer la messe durant leur captivité. Au fond du jardin du commandant de la place existe une petite abside où gisaient les morceaux d’un autel. Le fait paraît d’autant plus vraisemblable qu’ils avaient obtenu un peu de liberté dans les derniers mois de leur détention. Le procureur syndic écrivait le 4 mars 1796 au ministre de la marine : « les autorités de Brouage ont permis aux prêtres détenus de communiquer avec les communes environnantes, il en est résulté une altération assez sensible de l’esprit républicain des citoyens de ces communes, dans lesquelles on a souffert, et peut-être sollicité de sonner les cloches pour convoquer les citoyens à leurs cérémonies religieuses.

Le diocèse de Saint Flour en termine en déclarant :
Brouage, patrie de Champlain, fondateur de la Nouvelle France, citadelle du catholicisme en Saintonge pendant les guerres de religion est devenu depuis la Terreur révolutionnaire un reliquaire oublié. La cause des martyrs de Brouage est aussi belle que celle des martyrs des Carmes reconnue à Rome … »