Document sans titre

CANTAL-LIENS

 

- reproduction textes et photos soumis à l'accord de Cantal-Liens-

 

association de liaison pour la généalogie et l'histoire populaire du Cantal

...La généalogie autrement

 

Quelques cas de « Fusillés pour l’exemple »

 

Léonard Leymarie né le 4 janvier 1880 à Seilhac, soldat de 2e classe dans le 305ème R.I., fusillé pour l’exemple le 12 décembre 1914
Invité par ses camarades de tranchée à aller se faire soigner pour une blessure à une main, il est traduit devant le Conseil de guerre pour abandon de poste en présence de l'ennemi par « mutilation volontaire », sur les données très contestables d'un simple rapport médical, acte pour lequel il avait toujours protesté de son innocence, ayant été blessé à la main à son poste de guetteur[]
L'accusé est « inculpé d’abandon de poste devant l’ennemi. » La sentence est exécutoire le jour même à 16h30 à Port-Fontenoy, sur les bords de l'Aisne gelée. Leymarie laissera une lettre dans laquelle il clame son innocence. Ses deux enfants seront adoptés par la Nation.[
]
Jean Grataloux né le 9 décembre 1880 à St Juste sur Loire et fusillé pour l’exemple le 12 décembre 1914 après condamnation par le même tribunal.
Accusé de mutilation volontaire il sera exécuté par un autre peloton

Les caporaux de Souain (Théophile Maupas, Louis Lefoulon, Louis Girard, Lucien Lechat)
C’est un des cas parmi les plus flagrants et les plus médiatisés de l'injustice militaire durant la Première Guerre mondiale.
En Champagne, le 10 mars 1915 à cinq heures du matin, après deux mois d'accrochages sans résultat tangible dans le secteur et deux récentes attaques infructueuses, les poilus de la 21e compagnie du 336e régiment d'infanterie reçoivent l'ordre d'attaquer de nouveau à la baïonnette et de reprendre les positions ennemies établies au nord du village de Souain (Marne).
Devant eux, le terrain est déjà jonché de cadavres et se trouve directement pris sous le feu des mitrailleuses allemandes. De plus, la préparation d'artillerie habituelle avant l'attaque, au lieu de secouer les positions allemandes, envoie ses obus sur la tranchée française et laboure le terrain d'assaut. Dans ces conditions, les hommes de la 21e compagnie, épuisés après plusieurs jours de tranchée, démoralisés par les précédents insuccès, et ayant sous les yeux le spectacle des cadavres de leurs camarades tombés dans les fils de fer intacts, refusent, ce jour-là, de sortir des tranchées.
À cet instant précis, il est clair qu'ils anticipent l'échec et l'inutilité d'une attaque qui les voue à une mort certaine. Tout soldat paraissant sur le parapet étant immédiatement atteint par les balles. Plus tard, le bombardement des tranchées françaises fera l'objet d'une polémique, à la suite d'un témoignage : le général Réveilhac, qui avait ordonné l'attaque, aurait demandé à l'artillerie de pilonner les positions françaises pour obliger les soldats à sortir de leurs tranchées[.]
Suite à la désobéissance des hommes de la 21e compagnie, le général Réveilhac exige des sanctions. Le capitaine Equilbey, commandant de la compagnie, est alors tenu de transmettre à ses supérieurs une liste portant les noms de 6 caporaux et de 18 hommes de troupe, choisis parmi les plus jeunes, à raison de deux par escouade. Le 15 mars, le général donne l'ordre de mise en jugement directe des 24 hommes désignés.
Le règlement militaire s'appuyait sur cette phrase "La discipline faisant la force principale des armées, il importe que tout supérieur obtienne de ses subordonnés une obéissance entière et une soumission de tous les instants", pour cela le commandement obtient le 6 septembre 1914, l'instauration de conseils de guerre spéciaux, jugement en flagrant délit avec trois juges n'étant pas soumis à appel et la sanction se devait d'être exécutée rapidement. Ces tribunaux disparaîtront le 24 avril 1916.
Le 16 mars 1915, les inculpés comparaissent devant le Conseil de guerre de la 60e division demandé par le général Réveilhac avec ce motif : « refus de bondir hors des tranchées ».
« Quiconque montait devait être fauché littéralement soit par les nôtres, soit par le feu des mitrailleurs allemands. », déclare le caporal Maupas lors de son interrogatoire.
Le verdict acquitte les dix-huit hommes du rang au motif qu'ils ont été choisis arbitrairement et deux caporaux (Gosselin et Lorin) au motif qu'étant en bout de ligne ils ont pu ne pas entendre l'ordre d'attaque. Seuls quatre autres caporaux, trois originaires du département de la Manche, le quatrième de Bretagne (d'une commune limitrophe du même département de la Manche), sont condamnés à mort le 16 mars 1915. Si le refus de sortir des tranchées était indiscutable, cette décision était celle de tous les hommes et le choix de ces quatre caporaux fut totalement arbitraire. Soit ils étaient tous coupables, soit aucun ne l'était.
Le lendemain, 17 mars 1915, en début d'après-midi et deux heures environ avant que n'arrive le recours en grâce qui commuait la peine en travaux forcés, les quatre caporaux sont fusillés par leurs camarades et devant le 336e régiment d'infanterie :

Félix François Louis Baudy, né le 18 septembre 1881 à Royère-de-Vassivière, incorporé au 63e RI, 5e Cie il fut fusillé pour l’exemple le 20 avril 1915 à Flirey
Le 19 avril 1915, une attaque devait avoir lieu à Mort-Mare (5 km sud de Thiaucourt), afin d’enlever une tranchée encore occupée par les Allemands au centre d’une première ligne conquise quelques jours plus tôt avec la perte de 600 hommes. Les troupes d’assaut avaient été tirées au sort et le hasard avait désigné l’une des compagnies fortement malmenées les 3, 4 et 5 avril lors des combats sur la route de Thiaucourt.
Au signal de l’attaque cette compagnie de 250 hommes refuse de partir à l'assaut et de quitter la tranchée : « ce n’est pas notre tour d’attaquer » disent-ils. Quelques instants auparavant, parmi les quinze hommes qui venaient de sortir de la tranchée douze avaient été tués ou blessés et restaient là, sous les yeux de leurs compagnons[].
Le général Delétoile ordonne que les 250 soldats passent en cour martiale pour délit de lâcheté afin d'être exécutés. Après l'intervention d'autres officiers, cinq hommes sont finalement désignés et comparaissent, pour une parodie de procès. L'un d'eux est acquitté. Deux hommes ont été choisis par tirage au sort dont le soldat François Fontanaud de Montbron en Charente. Les trois autres : le caporal Antoine Morange, les soldats Félix Baudy et Henri Prébost ont été désignés par leurs supérieurs en raison de leur appartenance syndicale à la CGT. Le général Joffre de passage dans le secteur aurait refusé sa clémence exigeant la plus grande sévérité à l'égard de la compagnie.
Le 20 avril, le caporal Antoine Morange, les soldats Félix Baudy, François Fontanaud et Henri Prébost sont fusillés à la lisière d’un bois de Manonville.

Lucien Bersot fut l'un des plus médiatisés parmi les soldats fusillés pour l'exemple pendant la Première Guerre mondiale. Son histoire a été reprise dans de nombreux ouvrages et adaptée à la télévision.
Comme il n'y avait plus en magasin de pantalon à sa taille, Lucien Bersot ne pouvait porter que celui en toile blanc fourni avec le paquetage remis lors de l'incorporation. Grelottant de froid dans les tranchées, il demanda le 11 février 1915 au sergent-fourrier un pantalon de laine identique à ceux que portaient ses camarades. Le sergent lui proposa alors un pantalon en loques et maculé de sang, pris sur un soldat mort, ce que Bersot refusa.
Pour ce refus, Lucien Bersot se vit infliger une peine de huit jours de prison par le lieutenant André. Mais le lieutenant-colonel Auroux, commandant du régiment, estima cette punition insuffisante et demanda sa comparution en Conseil de guerre spécial, véritable Cour martiale. Comme de nouvelles recrues encore non aguerries venaient d'arriver, son intention était manifestement de faire un exemple de discipline militaire.
Traduit pour « refus d'obéissance » le 12 février 1915 devant le Conseil de guerre « spécial » du régiment, présidé par Auroux, Bersot y fut condamné à mort. La peine infligée ne correspondait alors nullement au code de justice militaire car le délit avait été constaté à l'arrière et non au contact de l'ennemi. Deux compagnons du condamné (Elie Cottet-Dumoulin et Mohn André) intervinrent alors auprès du lieutenant-colonel pour tenter d'adoucir la sentence, mais ne furent pas entendus et se virent punis à leur tour de travaux forcés en Afrique du Nord. D'autres encore refusèrent de tirer sur leur camarade lors de son exécution qui eut lieu dès le lendemain (13 février 1915 à Fontenoy (Aisne[1])) car les Conseils de guerre "spéciaux", contrairement aux Conseils de guerre "ordinaires", n'autorisaient aucune procédure d'appel.

 

Les Martyrs de Vingré sont six poilus, le caporal Paul Henry Floch et les soldats Jean Blanchard, Francisque Durantet, Pierre Gay, Claude Pettelet et Jean Quinault
appartenant au 298e RI, connus pour avoir été fusillés pour l'exemple pendant la
Première Guerre mondiale le 4 décembre 1914 et réhabilités par la Cour de cassation
le 29 janvier 1921
Le 27 novembre 1914, après une préparation d'artillerie qui démolit une partie de leur tranchée, les soldats du 298e RI furent surpris par une attaque allemande, qui fit plusieurs prisonniers[2]. Une demi-section française dut alors se replier dans les boyaux. Le bombardement terminé, elle retourna dans la tranchée conquise par les Allemands et les en délogea, reprenant le contrôle de son emplacement. Mais à l'issue de cette escarmouche, une dizaine de soldats du 298e étaient restés prisonniers de l'ennemi. Les deux escouades (24 hommes) qui avaient momentanément abandonné leur tranchée furent alors prévenues d'abandon de poste en présence de l’ennemi. Lors de l'enquête sommaire, les soldats indiquèrent avoir reculé sur ordre du sous-lieutenant Paulaud, et s’être repliés dans une tranchée à l’arrière de la tranchée où l’attaque allemande s'était déroulée. Le sous-lieutenant Paulaud soutient ne pas avoir donné cet ordre de repli, il accable les 24 soldats. Le 3 décembre, le conseil de guerre spécial du 298e RI, à l'issue d'un tirage au sort, désigne six d’entre eux qui sont fusillés pour l'exemple le 4 décembre 1914 en suivant les directives données à ce conseil par le général Étienne de Villaret pour aider les combattants à retrouver le goût de l'obéissance[3]
La dernière lettre du caporal Henry Floch à sa femme Lucie résume bien les faits[]
« Ma bien chère Lucie,
Quand cette lettre te parviendra, je serai mort fusillé. Voici pourquoi : le 27 novembre, vers 5 heures du soir, après un violent bombardement de deux heures, dans une tranchée de première ligne, et alors que nous finissions la soupe, des Allemands se sont amenés dans la tranchée, m’ont fait prisonnier avec deux autres camarades. J’ai profité d’un moment de bousculade pour m’échapper des mains des Allemands. J’ai suivi mes camarades, et ensuite, j’ai été accusé d’abandon de poste en présence de l’ennemi.
Nous sommes passés vingt-quatre hier soir au Conseil de Guerre. Six ont été condamnés à mort dont moi. Je ne suis pas plus coupable que les autres, mais il faut un exemple. Mon portefeuille te parviendra et ce qu’il y a dedans. Je te fais mes derniers adieux à la hâte, les larmes aux yeux, l’âme en peine. Je te demande à genoux humblement pardon pour toute la peine que je vais te causer et l’embarras dans lequel je vais te mettre…
Ma petite Lucie, encore une fois, pardon. Je vais me confesser à l’instant, et espère te revoir dans un monde meilleur. Je meurs innocent du crime d’abandon de poste qui m’est reproché. Si au lieu de m’échapper des Allemands, j’étais resté prisonnier, j’aurais encore la vie sauve. C’est la fatalité.
Ma dernière pensée, à toi, jusqu’au bout.
Henry Floch »
Le Journal de marche du régiment, signale l'exécution à la date du 4 décembre :
« L'exécution des 6 condamnés à mort a lieu à 7h30, à 200 m à l'ouest du calvaire de Vingré, situé à l'embranchement des deux chemins allant à Nouvion. Assistent à la parade d'exécution la quatrième compagnie de réserve du 298 e, la deuxième compagnie du 216e et une compagnie du 238e. Les troupes sont commandées par le Lieutenant-Colonel Pinoteau. Les condamnés qui ont passé la nuit dans la prison du poste de police sont amenés à 7h30 par un piquet de 50 hommes et fusillés. Après l'exécution qui se passe sans incident, les troupes défilent devant les cadavres et rentrent dans leurs cantonnements. »

Jean-Julien, Marius Chapelant, né le 4 juin 1891 à Ampuis dans le Rhône , sous-lieutenant français commandant la 3e section de mitrailleuses du 98e RI. il est fusillé pour l’exemple le 11 octobre 1914 à Beuvraignes dans la Somme
Le 7 octobre 1914, après sept jours et sept nuits de combats et de bombardements ininterrompus autour de Beuvraignes (Somme), il est capturé avec une poignée de survivants (3) après s'être rendu (selon le lieutenant-colonel son accusateur). Grièvement blessé à une jambe par une balle allemande, il réussit cependant à s’échapper et à regagner les lignes françaises deux jours plus tard, dans un état d’épuisement facile à imaginer. Pourtant, le lieutenant-colonel Didier, son chef de corps, le fait traduire devant un « conseil de guerre spécial » qui le condamne à mort pour « capitulation en rase campagne ». Le 11 octobre 1914, Chapelant est fusillé dans la cour du château des Loges, attaché à son brancard dressé contre un pommier[]

Marcel Loiseau né en 1891 à Fontenelle-en-Brie et soldat au 106e RI et agent de liaison, est connu pour avoir été fusillé pour l'exemple pendant la Première Guerre mondiale[]
En septembre 1914, lors d'une attaque à Vaux les Palameix (Meuse) près de Verdun, Marcel Loiseau est blessé. Il se rend à l'infirmerie quand il croise le capitaine Girard qui lui donne l'ordre de regagner les lignes malgré sa blessure. Le soldat, qui souffre, désobéit et rejoint l'infirmerie pour se faire soigner. Le capitaine Girard rédige un rapport et l'accuse de s'être mutilé volontairement. Le conseil de guerre condamne, le 11 octobre 1914, Marcel Loiseau à la peine de mort pour abandon de poste et mutilation volontaire. La sentence est exécutée le lendemain à Mouilly.

Camille Chemin et Édouard Pillet étaient des soldats du 37e Régiment d'Infanterie Coloniale (16e Division Coloniale) pendant la Première Guerre mondiale.
Ils sont connus pour être des soldats fusillés pour l'exemple, lors des combats du Bois-le-Prêtre et désignés parfois comme l'affaire "des gardes sacs". Camille Chemin était père de cinq enfants, Édouard Pillet, soutien de sa mère infirme et de sa sœur.
Lors des attaques des fantassins du régiment auquel appartiennent Camille Chemin et Édouard Pillet, leurs sacs restés à l'arrière sont pillés. Pour éviter ces vols, le capitaine désigne en mars 1915 les soldats Chemin et Pillet pour rester à l'arrière et surveiller les sacs. Chemin et Pillet ont été choisis pour assurer cette tâche, à l'abri du front, car ils étaient soutiens de famille. Mais le capitaine change lors d'une nouvelle attaque, et les consignes ne sont pas correctement transmises entre les deux officiers. C'est pourquoi Chemin et Pillet sont considérés en juin comme disparus au front par le nouveau capitaine qui les mentionne comme tels dans son rapport.
Puis le 37e RIC fait mouvement et les soldats Chemin et Pillet réintègrent le régiment. Le colonel du régiment les considère alors comme déserteurs au vu du rapport du capitaine qui les signalait absents.
Ils sont rapidement traduits devant un conseil de guerre le 4 août 1915 pour abandon de poste devant l'ennemi et immédiatement fusillés le 5 août 1915 à Montauville. Camille Chemin suppliera en vain le peloton d'exécution de l'épargner pour ses cinq enfants.

 

Reprise sur sources
Nom de la page : Les Damnés de la Guerre
Crédit : Contenu soumis à la licence CC-BY-SA 3.0. Source : Article Les Damnés de la Guerre de Wikipédia en français (auteurs)
Code html : <a href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0/deed.fr">Contenu soumis à la licence CC-BY-SA</a>. Source : Article <em><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Damn%C3%A9s_de_la_Guerre">Les Damnés de la Guerre</a></em> de <a href="http://fr.wikipedia.org/">Wikipédia en français</a> (<a href="http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Les_Damn%C3%A9s_de_la_Guerre&action=history">auteurs</a>)

(Les Damnés de la Guerre livre de Roger Monclin  et dont le sous-titre est « Les Crimes de la Justice Militaire » , qui fut publié en 1934.)