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CANTAL-LIENS

 

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association de liaison pour la généalogie et l'histoire populaire du Cantal

...La généalogie autrement

 

 

Essai d'analyse  de l'enregistrement des enfants
de l'hospice d'Aurillac, rue du faubourg des frères

 

En complément de la conférence de  Myriam Provence, voici une petite analyse ( loin d'être exhaustive ) des actes des enfants de l'hospice d'Aurillac enregistrés sur le registre des naissances d'Aurillac pour l'année 1823.

Myriam Provence nous a dit que les enfants abandonnés l'étaient pour divers raisons : naissance hors mariage, pauvreté, handicap

Parmi les enfants enregistrés en cette année 1823, on trouve certains enfants abandonnés à la naissance mais aussi quelques jours, quelques mois ou quelques années après leur naissance ; on peut supposer que les parents (ou la mère isolée ) ne pouvait plus alors subvenir aux besoins de cet enfant :
Hélène apparence de 2 jours
Louis apparence de 15 jours
Géraud apparence d'un mois et demi
Hyacinte apparence de 5 mois
Augustin âgé de 9 à 10 mois
Jean-Baptiste âgé suivant les apparences de 2 ans
Louise Augustine âgée d'environ 3 ans

Parmi eux aussi, un enfant recueilli tout d'abord à l'hospice de Clermont Ferrand ; la mère l'avait donc récupéré puis avait fait le voyage jusqu'à Aurillac pour de nouveau être contrainte de l'abandonner deux mois plus tard :
... avait pour marques qui peuvent le faire reconnaître un modèle imprimé de  procès verbal d'exposition d'enfant trouvé de Clermont Ferrand portant qu'il est né le 9 juin 1823 à l'hôpital hôtel-dieu de Clermont et qu'il a été donné à cet enfant le prénom de Louise et le nom de Bidon que la mère a déclaré se nommer Marie Bidon d'Aurillac ...

Un autre de ces enfants a eu, si l'on peut dire, un peu plus de chance ; une note marginale précise :
Par acte de mariage en 1828, l'enfant a été reconnu et légitimé par François A... et Jeanne V... tailleuse ses père et mère
Cette reconnaissance n'a eu lieu que 5 ans après la naissance de l'enfant et l'inscription en marge seulement 38 ans plus tard. Pourquoi ? A-t-on jugé inutile d'inscrire cet avis en marge de l'acte ? A-t-on eu du mal à retrouver l'enfant ? Pourtant, au moment de l'abandon, on avait pris la précaution de laisser une marque permettant de le reconnaître : maillot composé  d'une chemise avec des liens bleus et noirs cousus aux deux manches, de trois langes dont deux en toile et un en laine couleur grise, et d'une bande de tissu ; il avait à la tête une coiffe indienne fond bleu garnie de dentelle, un béguin toile de coton blanche et la moitié d'un mouchoir de madras noir usé
On suppose que l'autre moitié du mouchoir avait été gardé par la mère ...

On trouve aussi un enfant légitime :
est comparu Sieur Etienne Guy qui a déclaré que ce jourd'hui à cinq heures du soir par ordre de Monsieur le procureur du roi a été porté à l'hospice de cette ville rue du Faubourg des Frères un enfant né le présent jour à 5 h du matin et qu'il nous présente légitime de Philippe L... absent et à Philippine L... son épouse lequel enfant était enveloppé etc ...
Pourquoi le procureur du roi a-t-il pris une telle décision ? Nous ne le saurons pas mais l'enfant a été enregistré sous le patronyme de son père légitime.

 

A propos de ces marques de reconnaissances dont Myriam Provence nous a parlé lors de sa conférence, elles ne sont pas rares dans ce registre, elles sont décrites avec précision mais sont beaucoup moins précieuses que celles qu'elle nous a montrées en photos :

avait pour marque qui peuvent le faire reconnaître deux morceaux de papier croisés sur l'estomac

un bout de fil rouge sous le premier lange de chiffon

un bout de ruban large bleu et rouge qui tenait par une épingle au maillot et une compresse d'huile d'olive sur le ventre

une carte à jouer où il est écrit " Pierre déposé à huit heures du soir sept avril n'a pas été baptisé " or l'enfant a été prénommée Marguerite !

un bout de mouchoir en toile marqué des lettres GF qui tenait par une épingle à la chemise et un échantillon indienne de divers couleurs

un bulletin de recommandation avec invitation de lui donner le prénom de Sophie portant les trois lettres qui suivent DJB

trois traits noirs dont deux croisés qui semblent être faits avec du noir de france et de l'huile empreints sur la peau du côté gauche et de la laine noire et blanche aux pieds et un bulletin portant qu'il a été baptisé sous le nom de Julienne

un bout de crêpe noir au bras

bulletin portant qu'il avait été baptisé sous le nom d'Augustin

un échantillon d'indienne au pied gauche

de la laine blanche aux pieds et deux petites pièces de toile sur l'estomac

pour marque un bout de ruban noir au cou

un bulletin portant qu'elle n'est pas baptisée

sur l'estomac un petit bulletin où était écrit ce qui suit "B E né le dix neuf décembre mil huit cent vingt trois

bulletin portant qu'il est né le 20 juin et n'a pas été baptisé

un bulletin tenant par une épingle à la coiffe portant qu'il a été baptisé sous les prénoms de Jeanne Joséphine

bonnet tenant par deux épingles un bout de ruban rose avec un peu de papier au milieu

 

En plus des marques de reconnaissance, sont également détaillés les vêtements portés par chaque enfant.
Ceci permet de se faire une idée générale de la façon dont on habillait les enfants au début du XIX ème siècle, même si les enfants élevés par leur famille devaient bénéficier d'habits en meilleure condition. Ils étaient enveloppé dans un maillot composé d'une chemise, de trois langes ( 2 en toile et un en laine ) , une bande de toile, un ou deux bonnets, garnis de dentelle ou de mousseline, quelquefois de la laine ou un mouchoir aux pieds.
Mais  sur ce registre d'état civil, pour chacun de ces enfants nouveau-nés on nous donne aussi la couleur des différentes pièces du vêtement et la qualité du tissu :
maillot composé d'une chemise de percale neuve,
une chemise garnie de mousseline,
une chemise usée,
des langes en coton,
ou bien un torchon et un tablier en laine couleur grise usé,
deux chiffons en toile treillis,
une coiffe indienne garni de dentelle,
une coiffe fond vert fleurs bleues,
un béguin toile de coton,
une coiffe nanquinette rayée bleue,
un bonnet en soie à ramages de divers couleurs

 

Quant aux patronymes donnés à ces enfants déposés à l'hospice, pour cette année 1823, il est curieux de constater que ce que nous considérons habituellement comme prénom était décrété être leur nom :
l'avons inscrit sous les nom et prénom d'Augustin Nivose
l'avons inscrit sous les nom et prénom de Sophie Automne
etc...
C'est ainsi que pour les deux exemples ci-dessus nous retrouverons ces enfants, tant en fin de registre que dans les tables décennales, respectivement à la lettre A pour Augustin Nivose et à la lettre S pour Sophie Automne.

Cette remarque n'est pas valable pour les années antérieures ou postérieures ; il en est de même du choix particulier des patronymes.
 
On peut classer les patronymes choisis 4 à 5 catégories :

- quelques-uns font référence à la saison ou la météo : Automne, Octobre, Nivose, Pluie, Dégel, Carême, Pâques ...

- d'autres au jour de la semaine ou au moment de la journée où l'enfant a été déposé : Jeudi, Vendredi, Samedi, Soir, Minuit, Ombre ...

- certains sont des noms en rapport avec la nature : Abricot, Poisson, Seigle, Cérès, Flore

- quelques patronymes célèbres : Bossuet, Cléopatre, Diogène, Casimir ...

- des noms de ville : d'Aurillac, d'Ytrac, d'Arpajon, Roannes, Parlan, Naucelles ...

- deux portent le patronyme : Anonime et Anomyme qui s'expliquent par la marque de reconnaissance :
... une lettre anonime à la main droite pour la recommander portant qu'elle s'appelle Catherine Elizabeth ...
... un bulletin portant que cette petite a été exposée les dits jours et heures que dessus sous le numéro vingt-six ...

- et enfin un très grand nombre d'entre eux porte un patronyme en rapport avec les vêtements dans lesquels ils ont été exposés :

Etienne OLIVE : avait à sa tête une coiffe indienne couleur olive garnie de dentelle

Vincent HAILLON : son maillot composé d'une chemise et de vieux haillons

Pierre FRISE : et un lange en laine frise à rayes rouges et noires

Marguerite GILET : pour lange quatre chiffons dont trois en toile et d'un fragment de gilet

Marguerite MADRAS : à la tête une coiffe madras garnie de dentelle

Louis ETAMINE  : trois langes dont un en laine étamine

Pierre SAC : pour lange un chiffon en laine et moitié d'un sac

Louise Augustine ROBE :  vêtue d'une robe grise

Baptiste ROBE : une robe indienne

Jean Laurent BRODE : maillot composé d'une chemise garnie de mousseline brodée

Hyacinte CREPE : un bout de crêpe noir au bras

Catherine COTONNADE : il avait à sa tête une coiffe cotonnade bleue garnie de dentelle

Agnès LAMBEAU : pour lange un chiffon en toile et un mouchoir en lambeaux